Roman

J’ai couru vers le Nil, Alaa El Aswany

Bonjour tout le monde !!! 🤗

J’espère que vous allez bien en cette journée ! De mon côté tout va bien, le quotidien suit son cours dirons-nous.
Je vous retrouve aujourd’hui dans un article que j’avais hâte de vous écrire, et de vous partager. Il concerne le livre J’ai couru vers le Nil d’Alaa El Aswany.

Résumé :

Auteur : Alaa El Aswany

Genre : Contemporain, Historique

Édition : Actes Sud

Année : 2018

Nombre de pages : 432 pages

Titre original : Al-Joumhouriyya Ka’anna

Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fils d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’État, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane, qu’il s’agisse de mode ou de mœurs sexuelles.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en Égypte.

Mon avis :

C’est un livre qui m’a été très fortement recommandé lors du dernier club lecture de juin. Je l’ai emprunté car lorsque la bibliothécaire en charge d’animer ce rendez-vous en a parlé j’ai été conquise. Seulement, une fois de retour chez moi cet engouement avait disparu. J’ai laissé traîner ce livre dans le sac d’emprunt de la bibliothèque, l’ai prolongé plusieurs fois en me disant qu’elle attendait mon retour sur cette lecture et je ne voulais pas la décevoir (aller savoir pourquoi) mais j’avais toujours meilleure lecture à lire.

Après avoir terminé Âge Tendre de Clémentine Beauvais, il ne restait dans mon sac de la bibliothèque que ce livre. J’ai relu le résumé et il ne m’emballait toujours pas. J’ai tout de même décidé de le lire car il ne m’était plus possible de le prolonger et que sur Livraddict sa note est excellente.

Dès les premières lignes nous sommes baignés dans le thème via une scène de torture : la force de l’oppression face aux civils. Les dés sont lancés, ce livre sera dur à lire. Non pas dur vis-à-vis du vocabulaire mais dur vis-à-vis du sujet abordé. Le résumé l’indique bien et j’ai dû le relire pour me rappeler que ça se passait il n’y a pas si longtemps que cela, en 2011, en Egypte donc. Le livre débute avant la révolution égyptienne, nous suivons plusieurs personnages entre ceux qui font partie des forces de l’ordre, des jeunes, des civils, des étudiants, des travailleurs, des hommes, des femmes, des musulmans, des coptes, etc. Le paysage est très hétéroclite et c’est ce qui fait la force du récit.

Le texte est criant de violence et de torture physique et psychologique, de corruption mais pur, beau, rempli d’espoir, de combat, de manifestations, de lutte contre ses idées et des idéaux nouveaux, d’acharnements coûte que coûte, d’amour, de paix et de rêve d’un monde meilleur. Chaque chapitre s’attarde sur un personnage en particulier et ils n’ont pas tous de liens entre eux. C’est comme si sur une population égyptienne on avait choisi des personnes au hasard vu d’en haut et qu’on avait décidé de les suivre dans cette période de leur vie.
Le sujet principal est la révolution égyptienne lorsque le peuple s’est soulevé contre le régime d’oppression sous Moubarak. Tout le monde n’était pas d’accord, le nombre de manifestants n’a fait qu’augmenter tout comme le nombre de morts, de blessés et de prisonniers par les forces au pouvoir.

La place de la religion musulmane occupe un grand rôle. Sur le même texte, le Coran, chacun se fait ses propres interprétations sur ce qui est bien ou mal de faire (tuer, se battre pour ses droits, souffrir, etc.). C’est hyper intéressant de voir que sur une même idéologie, les manifestants vont lutter pour leurs droits tandis que le pouvoir va tout faire pour montrer, via le détournement des médias, aux civils indécis que le peuple dans la rue est corrompu, que tout ceci est un complot géant des États-Unis entre autres qui ont orchestré cette révolution et qu’ils faut donc massacrer les participants. C’est très résumé mais l’idée générale est là.

On ne s’attache pas particulièrement aux personnages mais quand vient le tour du chapitre les concernant on est content. Le sujet est la révolution du peuple mais le livre parle aussi du quotidien de chacun : leur pratique de la religion, leur morale, leur famille et façon de vivre. Ne connaissant pas grand-chose à la culture musulmane et encore moins égyptienne, j’ai fortement apprécié ces bribes de vie. Le mot « Dieu » est présent à chaque page, ce n’en est pas pour autant un livre religieux, c’est seulement leur façon de communiquer. J’ai une amie musulmane et j’ai eu le plaisir de beaucoup échanger sur sa religion, de lui poser toutes mes questions qui me venaient grâce au livre. Je n’ai pas juste lu un livre, j’ai ouvert une fenêtre sur des faits, des cultures, une façon de vivre et un combat dont je connais peu.

Malgré le sujet et des passages plus difficiles, les pages se tournent rapidement. Je vais être honnête, certaines fois j’ai dû faire une pause après un chapitre qui m’avait retourné le coeur ou chamboulé. Mais j’y revenais constamment car le coeur de l’action était là. Certes les personnes n’ont pas vraiment existé mais l’auteur s’est inspiré de faits réels, étant lui-même égyptien. D’ailleurs ce roman ainsi que d’autres de ses écrits sont censurés dans pas mal de pays dans le monde, il en est également interdit de séjour puisqu’il dénonce la vérité.

À mon sens, le gros point fort de J’ai couru vers le Nil est qu’il n’appelle pas au jugement mais à la tolérance la plus absolue. Qu’on soit croyant ou pas, homme ou femme, défenseur virulent ou passif des droits, parent ou pas, on n’a pas moyen de juger. Le lecteur assiste seulement à un déroulé des faits, dans un contexte et un quotidien qui n’est pas celui de la France, avec des enjeux que nous connaissons par la force des choses mais que nous ne vivons pas. Nous sommes spectateurs d’un évènement historique entre tension et passion, risques et périls, dilemmes en tout genre mais où l’humanité est au centre. La bibliothécaire avait décrit ce roman comme étant lumineux malgré l’atrocité des faits, après lecture je partage entièrement son avis.

Tout le long de ma lecture je me suis interrogée sur ce titre, dans la traduction littérale ça aurait dû être « la République comme si ». Vers la dernière partie, nous comprenons les deux versions du titre et c’est comme si la lumière s’était faite sur un autre pan caché. Le traducteur, Gilles Gauthier, a également disséminé des explications sur des termes arabes, des coutumes égyptiennes et des façons de se comporter. Ça ne gâche pas le rythme de lecture, ça permet seulement de ne pas passer à côté d’éléments culturels indispensables à la compréhension de l’écrit.

Je pense que toute cette chronique converge vers une seule opinion sur ma lecture : j’ai adoré ! Vraiment c’est un coup de coeur que je conseille à tout le monde. Je continuerai à le recommander encore et encore, il est de nécessité pour l’Histoire, pour le devoir de mémoire et pour comprendre ce qu’il se passe ailleurs dans le monde de le lire. Certes il prend aux tripes mais parfois c’est bien de ne pas lire que des romans de Bisounours et d’affronter la cruauté du monde face à la pureté d’une part de l’humanité.

J’ai couru vers le Nil d’Alaa El Aswany est un roman historique racontant au travers de différents personnages de tout horizon la révolution égyptienne de 2011. C’est heurtant, bouleversant, douloureux mais lumineux de vérité et de révolte humaniste. Je recommande ce livre à tout le monde, peu importe votre niveau de lecture.

Et vous, avez-vous lu ce livre ? L’avez-vous aimé ? N’hésitez pas à me dire tout cela dans les commentaires pour que nous en discutions ⬇️

Je vous souhaite une excellente journée et je vous retrouve bientôt dans un prochain article ! 🐨

Laure

25 commentaires sur “J’ai couru vers le Nil, Alaa El Aswany

      1. En film ou série j’ai vraiment du mal car c’est violent et je fais des cauchemars. En livre ça dépend. Les thrillers je n’en lis plus car j’ai peur et je ne me sens pas bien lors de la lecture, en revanche là vu que ce sont des témoignages d’histoires vraies c’est différent 😅

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  1. Effectivement tu as adoré ce roman ! Il a l’air dur mais tu as raison, des fois il faut changer des lectures feel-good et compagnie et se tourner vers des livres plus ancrés dans le réel. Ça apprend aussi à réfléchir à notre monde, surtout que 2011 c’était il n’y a pas si longtemps. Pour ma part, je ne sais pas si je lirais ce livre, notamment parce qu’il vient des éditions Actes Sud… Et à chaque fois que j’ai lu un livre de cette édition je n’ai pas accroché 😅

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    1. Je ne fais pas trop attention aux éditions, je prends généralement au hasard dans les rayons de la bibliothèque à la recherche de quelque chose qui me plaît. J’admets que si la bibliothécaire ne me l’avait pas chaudement recommandé je ne l’aurai jamais lu, du coup je ne regrette pas. Ce livre a aussi eu de très nombreuses critiques positives si jamais 😉

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      1. A vrai dire… Je n’ai quasiment pas eu cours cette semaine (Ie bâtiment était fermé à cause d’un problème technique, vive l’université !) donc les cours n’ont pas vraiment commencé encore. J’ai largement eu le temps d’aller à la bibliothèque, pour tout te dire ^^ Mais je n’ai pas vu « J’ai couru vers le Nil » quand j’y suis allée, alors soit il n’y est pas, soit je l’ai loupé. Enfin bref, je pense effectivement que je me réserverais ce genre de lectures plus pendant les vacances ou quand j’aurais plus de disponibilité d’esprit 🙂

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      2. J’ai emprunté « Un petit oiseau » de Marie Pavlenko dont j’ai entendu beaucoup d’avis positifs, et les deux BD « La reine des neiges » tirées des films (j’étais super contente, j’aime tellement ce dessin animé que j’ai hâte de me replonger dans l’univers 🥰)

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